Dérive sectaire et thérapeutique
Vous avez remarqué un changement de comportement chez un de vos proches ? Il ou elle fréquente de manière récurrente un groupe sectaire ? Il ou elle a abandonné son traitement thérapeutique au profit de méthodes parallèles douteuses ? Vous craignez pour sa santé physique et mentale ? Cette personne est peut-être sous l’emprise d’une secte.
Selon la Miviludes (Mission Interministérielle de Vigilance et de Lutte contre les Dérives Sectaires), qui reçoit quelques 2 000 signalements par an, la dérive sectaire est « un dévoiement de la liberté de penser, d’opinion ou de religion qui porte atteinte à l'ordre public, aux lois ou aux règlements, aux droits fondamentaux, à la sécurité ou à l’intégrité des personnes. Elle se caractérise par la mise en œuvre, par un groupe organisé ou par un individu isolé, quelle que soit sa nature ou son activité, de pressions ou de techniques ayant pour but de créer, de maintenir ou d’exploiter chez une personne un état de sujétion psychologique ou physique, la privant d’une partie de son libre arbitre, avec des conséquences dommageables pour cette personne, son entourage ou pour la société ».
Ce fléau peut toucher au domaine médical avec les dérives thérapeutiques. Celles-ci proviennent de « gourous thérapeutiques » isolés ou organisés entre eux en réseaux, qui vont formuler des recettes de guérison, de bien-être et de développement personnel. Le danger est que ces pratiques alternatives aboutissent, par l’emprise exercée par le pseudo-thérapeute sur le malade, à détourner ce dernier des traitements conventionnels, avec pour conséquence une perte de chance de guérison, voire un risque vital.
Selon l’Institut de sondage Ipsos 25 % des français disent avoir été approchés au moins une fois par une secte et 15 % connaissent une victime de secte dans leur entourage. Selon un rapport parlementaire de 2010, il existerait 600 mouvements et pratiques en France.
Plusieurs éléments permettent de déceler si un proche est victime d’une influence sectaire :
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La déstabilisation mentale du sujet (modification des habitudes alimentaires ou vestimentaires, adoption d’un langage propre au groupe)
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Le caractère exorbitant des exigences financières
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La rupture avec l’environnement familial, social et professionnel (engagement exclusif pour le groupe et soumission absolue au dirigeant)
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L’existence d’atteintes à l’intégrité physique
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L’embrigadement des enfants
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Le discours antisocial
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Les troubles à l’ordre public
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Le refus de soins ou l’arrêt des traitements médicaux en cours
Le Législateur a créé le délit d’abus frauduleux de l’état de faiblesse par sujétion psychologique, particulièrement adapté aux infractions commises dans un contexte sectaire :
« Est puni de trois ans d’emprisonnement et de 375 000 euros d’amende l’abus frauduleux de l’état d’ignorance ou de la situation de faiblesse […] d’une personne en état de sujétion psychologique ou physique résultant de l’exercice de pressions graves ou réitérées ou de techniques propres à altérer son jugement, pour conduire cette personne à un acte qui lui est gravement préjudiciable » (article 223-15-2 du Code pénal issu de la loi du 12 juin 2001 tendant à renforcer la prévention et la répression des mouvements sectaires portant atteinte aux droits de l’homme et aux libertés fondamentales).
Les chefs d’accusation les plus souvent retenus par les tribunaux correctionnels pour condamner les pseudos thérapeutes sont l’homicide involontaire, la non-assistance à personne en danger, l’escroquerie, l’exercice illégal de la médecine ou de la pharmacie, l’abus frauduleux de l’état de faiblesse…
Les carences des pouvoirs publics en matière d’effectif et de moyens représentent la difficulté majeure pour l’établissement de la preuve.
L’enquêteur privé intervient ici comme chaînon manquant entre les associations, les forces de l’ordre, la justice et les victimes, car il bénéficie d’atouts lui permettant d’endosser un rôle-clef. Il est à la fois conseiller du mandant, homme de terrain et pourvoyeur d’indices et de preuves.